Littérature:Autres/Divagations en La Mineur/Analyses

De Magnus Codex


Inspirations (poèmes)

Il y a principalement trois sources d’inspiration aux poèmes de ce recueil.

Pour les poèmes de format occidental (strophes, vers mesurés et rimes), il y a d’une part Baudelaire, pour son style de construction classique qu’il associe aisément à un texte d’inspiration romantique, qui permet d’avoir un rythme bien réglé, et d’autre part Rimbaud qui, au comble du mouvement romantique, brise la mesure tout en restant dans le temps.

Pour les poèmes de format oriental, aucun auteur n’est une inspiration particulière, mais il s’agit plutôt du mouvement en lui-même (plus axé sur la philosophie derrière les mots que la figure de style) qui a motivé les Haïkus et les Tankas.

Pour les poèmes de forme originale (c.f. à la section “Recherches”), un format plutôt oriental est adopté tout en essayant d’avoir un fond se rapprochant des œuvres de Rimbaud.

Les voix du fleuve - Analyse

(Il s’agit d’une ancienne version)

D’où vient cette musique,|| annonçant le trépas ? Hémistiches 6/6

Est-ce une philharmo|nie| qui sonne le glas ? Disrythmie 7/5

Musique ⇔ Philharmonie. Glas ⇔ Trépas

Quelques sourds violoncelles,|| une boîte à musique Hémistiches 6/6

Boîte à musique = référence à l’effet “boîte à musique”, i.e. une basse sombre avec un thème aigu cristallin.

Sont-ils le prélu|de| d’un requiem tragique ? Disrythmie 5/7

Requiem = Chant funèbre. Prélude à un requiem = annonce la mort.

Requiem tragique = oxymore (annonce une mort violente)

Le fait de placer la césure avant le “de” de “prélude” est discutable (une césure est sensée être faite entre deux mots). Néanmoins, le “de” étant aspirer devant une voyelle, prononcé avec suffisamment de fluidité, on peut placer la césure au milieu de ce mot.

Allitérations : fortes quand on parle des voix agressives, et l’équivalente douce (“ze” pour “ce” et “ve” pour “fe”) pour parler des victimes. On alterne les deux.

Ce sont des dissonances sifflant la souffrance Allitération “ce”

Qui conduisent les âmes à la désespérance, Allitération “ze”

Une fanfare qui fulmine en blasphémant Allitération “fe”

Le blasphème est ici une antithèse, le thème est très religieux.

Et qui veut aveuler la vigueur des vivants. Allitération “ve”

On a un petit indice sur l’origine des voix avec le nom “vivant” mentionnant les victimes du chant.

Rimes suffisantes en bout de vers et à l’hémistiche (rythme)

Avant hémistiche : positif. Après hémistiche : négatif (dualité)

Laissons couler nos peines dans l’eau insipide,

Buvons cette eau amène à l’arrière goût acide,

Plongeons dans la fontaine, infinie,  génocide

Et noyons-nous sans haine dans l’étouffant fluide.

Gradation : laissons couler, puis buvons, puis plongeons, puis noyons-nous.

fluide est prononcé en une seule syllabe (améliorable ?)

Rencontre avec l’Ankou - Analyse

Ce titre ne peut être compris que rétrospectivement : les chaîne symbolise à la fois le fait d’être piéger et celui d’être tiraillé (écartelé par la folie)

Le poème est composé de strophes qui ressemblent structurellement à des haïkus : un mètre en 5/7/5, avec une césure entre deux des trois vers (ici, c’est toujours entre le deuxième et le troisième). Néanmoins, contrairement aux haïkus, il n’y a pas de référence aux saisons.

En supplément de cette structure, on a des rimes qui concourent deux par deux, entre les vers de même mètre :

aAa bAb cBc dBd eCe fCf

Le poème est en deux temps : les vers avant chaque scission forment une première représentation, et l’ensemble de ceux après la scission de chaque strophe un deuxième. Ces deux parties seront étudiées successivement.

Cette partie est divisée en trois phases :

1) Le sujet avance malgré le danger évident

Ma volonté morte | me supplie d’abandonner

Le fait que sa volonté soit morte et qu’elle supplie impliquent qu’il s’est déjà passé quelque chose avant, qui a tué cette volonté (si on la personnifie) et l’a fait souffrir.

Avec précaution | je me force à avancer

Persévérance malgré tout. Comme, par définition, la persévérance vient de la volonté d’un sujet, on sent déjà la scissure (la folie).

2) Le sujet se fait agresser et échoue

Sur le noir chemin | on m’agresse violemment

Embuscade, sans aucun doute.

Couvert de blessures, | j’échoue et je chois, mourant

Le “combat” lui-même est ellipsé. C’était un combat perdu d’avance

2) Le sujet meurt

Je suis allongé | et redeviens silencieux

On retrouve la connotation cyclique : “redevient silencieux”

Une lueur brève | apparaît devant mes yeux

Juste une figure poétique de la mort.

On frappe à la porte.

Simple exposition. Cela évoque un peu la fatalité de ce qui va se passer (comme dans un mauvais film d’horreur).

Sans invitation

Suite de l’exposition de la première strophe. De même, fait légèrement monter l’intrigue (mais qui-est-ce ?) mais sans plus de prétention.

Un étranger vient

“Étranger” est à comprendre dans le sens “intrus” plutôt que “inconnu”, mais le mot “intrus” est trop pejoratif, alors que “étranger” est particulièrement neutre.

Connaissance obscure

L’antithèse entre “étranger” et “connaissance” sert à souligner la confusion du sujet, appuyé par l’épithète “obscure” (il a dû mettre quelques seconde à se rappeler qui c’était).

Salut échangé

Le “salut” fait à la fois référence à l’accolade qu’échange des gens qui se rencontre et au salut militaire accordé à ceux qui sont tombés au combat. Un bonjour et un au revoir à la fois.

La fin à mon rêve

La mort, naturellement. La phrase est volontairement brusque dans sa syntaxe, et le rêve est bien entendu le cauchemar de la folie (même si rêve a plus une tendance positive, mais il faut bien que ça rime).

Joie invisible - Analyse

C’est une ode à la musique. C’est un musicien qui prend la parole dans le texte


Cette strophe est comme une ouverture de Beethoven : rentre-dedans, très rythmée, et sentimentale. On a préféré la forme du texte à son sens.

Harmonie millénaire emplissant mon organe !

Enhardi par mes pairs ambroisant les profanes,

Ravi par le tonnerre éclatant mes membranes,

Tu fais vivre et enterre de grands mélomanes.

Le rythme soutenu est donné par les quatre rimes qui composent chaque vers -- [i] [air] [an] [ane]

Cette strophe est un éloge lyrique, presque religieux (foi, mariage).

Ondulation gracieuse exultant de foi

Définition du beau, du parfait, de l’émoi

Petite hyperbole ici, où le déclamateur prétend vouloir se marier au concept même de musique, afin de montrer qu’il l’aime vraiment très fort.

Je veux, pour l’éternité, me lier à toi,

Mais tu es la seule maîtresse de ta voix.

Ici, pour rebondir sur la mélancolie de la fin de la strophe précédente, le texte se transforme en complainte, mélangeant connotations sexuelles (caresser, enfants, jouir, organe) avec des concept plus pragmatiques (mécanique, acoustique, phonique).

Alors je caresse tes enfants mécaniques

Chantants la complainte de ma vie ironique

Je fais jouir bruyamment tes organes acoustiques

Pour invoquer ta divine essence phonique.

Pour finir, une prière sur le lit de mort, comme un croyant prie son dieu.

Puisse-tu m’accompagner, de plus en plus fort

Au cours de ma vie, mes joies, mes peines et ma mort

Reste avec moi, juste quelques instants encore,

Ainsi, fatigué mais apaisé, je m’endors.

Papier rayé - Intention

Alexandrins où la césure se fait avant un “e” prononcé, pour créer un effet de rythme.

Doux romantisme - Intention

Le discours de “Papier rayé” se veut objectif, pour remercier ces trois compositeurs qui m’ont fait découvrir l’âge d’or de la musique instrumentale, mais pour rendre hommage à qui de droit, “Doux romantisme” parle de l’époque qui m’a le plus marqué.

Addendum : la musique baroque est trop mathématique, la musique classique trop réglée. Seules la musique romantique et la musique moderne ont pour ambition de parler directement au spectateur. Tout cela, sans bien sûr oublier que chacun des mouvements musicaux n’aurait pu exister sans le précédent (il ne s’agit pas là de dénigrer un mouvement musical, mais de justifier une préférence).

Haïkus de la Campagne des Éléments

Voici la liste des haïkus composé pour la description de Togashi Yume, dans la Campagne des Éléments:

  • Haiku n°9
  • Haiku n°10
  • Haiku n°11