Littérature:Autres/Divagations en La Mineur

De Magnus Codex


Divagations en La Mineur
RecueilAutres
TypeRecueil de poèmes
ÉtatBrouillon
Sous-pages

Divagations en La Mineur

Les voix du fleuve

D’où vient cette musique annonçant le trépas ?
Cette philharmonie d'où retenti le glas ?
Quelques sourds violoncelles, une boîte à musique,
Sont-ils le prélude d’un requiem tragique ?

Ce sont des dissonances instiguant la souffrance
Et conduisant les âmes à la désespérance,
Une fanfare qui fulmine en fourvoyant,
Et qui veut aveulir la vigueur des vivants.

Laissons couler nos peines dans l’onde insipide,
Buvons cette eau amène à l’arrière goût acide,
Plongeons dans la fontaine et ses remous fétides,
Embrassons cet éden et ses flots génocides.

Rencontre avec l’Ankou

Ma volonté morte
Me supplie d’abandonner ;
On frappe à la porte.

Avec précaution
Je me force à avancer ;
Sans invitation.

Sur le noir chemin
On m'aggresse violemment ;
Un étranger vient.

Couvert de blessures
J’échoue et je chois, mourant ;
Charetier obscur.

Je suis allongé
Et redeviens silencieux ;
Salut échangé.

Une lueur brève
Apparaît devant mes yeux ;
La fin de mon rêve.

Joie invisible

Harmonie millénaire emplissant mon organe !
Enhardi par mes pairs ambroisant les profanes,
Ravi par le tonnerre éclatant mes membranes,
Tu fais vivre et enterres tous les mélomanes.

Ondulation gracieuse exultant de foi,
Définition du beau, du parfait, de l’émoi
Je veux, pour l’éternité, me lier à toi,
Mais tu es la seule maîtresse de ta voix.

Alors je caresse tes enfants mécaniques
Chantants la complainte de ma vie ironique
Je fais vibrer, jouir tes organes acoustiques
Pour invoquer ta divine essence phonique.

Puisse-tu m’accompagner, de plus en plus fort
Au cours de ma vie, mes joies, mes peines et ma mort
Reste avec moi, juste quelques instants encore,
Ainsi, fatigué mais apaisé, je m’endors.

Haïkus

Haïku n°1

Le vent facétieux
Soulève la jupe brune ;
Novembre est joyeux

Haïku n°2

Petite tortue,
Donne tes œufs au destin !
Comme tant de fois.

Haïku n°3

Il est plus joyeux
D’écrire avec une fleur :
L’hivers, pas de plume...

Comme de l’eau sur une lyre…

Comme de l’eau sur une lyre,
S’épanchent mes plus grands désir,
Mes joie, mes peines, mes idées.
Mon âme se pâme, aliénée.

Quand je noirci le papier blanc
Pour faire parler mes sentiments,
Qu’il soit rayé ou quadrillé
C’est le plus beau des messagers.

Alors laissons choir à l’envi
Les mots nous venant à l’esprit.
Et l’encre coule avec loisir
Comme de l’eau sur une lyre...

Haïkus

Haïku n°4

Le fleuve coule.
Mon sang payant mes erreurs
Rempli le calice

Haïku n°5

Dans tout ce chaos,
Vers la folie salvatrice
Il n’y a qu’un pas

Haïku n°6

Beauté de la pluie
Qui inspire le lyrisme,
Muse nostalgique.

Haïku n°7

Le blanc sur le rouge,
L’insigne du Ragnarock;
Cycle de souffrance

Haïku n°8

Après le grand calme,
Colère et regard brûlant ;
Début de tristesse

Tankas

Tanka n°1

Les grands patriotes
Se déchirent et se suicident,
Ce depuis toujours.
Quand réaliseront-ils
Qu’il n’y a pas de pays ?

Tanka n°2

Quand l’esprit s’éveille
Il se demande toujours
Comment s’élever.
En recherchant la sagesse ?
En accueillant la folie ?

Le Huitième enfer

Figure osseuse, toge noire,
Destrier d’ombre, yeux de saphir.
Tu es le messager au glas
Apportant le dernier soupir.

Ta faux est si bien aiguisée
Que son fil peut trancher la nuit,
Au fourreau, une épée bleue,
Marque de tes satisfécits.

Aujourd’hui tu frappes encore
De la manière la plus cynique
Tu emportes ton créateur
Qui t’attendait, las mais stoïque.

En y repensant, n’es-tu pas
La conclusion sempiternelle
Des ces livres à l’encre ébranlée,
Biographies de nos vies vénielles ?

L’Autre côté

La musique
Qui apaise mon esprit
Est silencieuse.

La folie
Est une façon lucide
De vivre la mort.

Quand l’envie
Est plus grande que la peur,
Étrange enthousiasme.

La Solitude

Je regarde au loin.
Tant de papillons passent devant mes yeux,
Mouvement perpétuel.

J’aime rester seule,
Je me plaît dans cet univers infini
Où je suis protagoniste.

Toujours, je médite.
J’aime le gris, neutre, ascète, misanthrope.
Sérénitude complète.

Tankas

Tanka n°3

Chacun a le droit
D’emprunter le long chemin
De la rédemption.
Ne sont pas des monstres ceux
Qui y mettent des barrières ?

Tanka  n°4

Le destin est clos.
Même si la route est longue,
Aucune jonction.
Peu valent le vent, la neige,
Le devoir est accompli.

Éminence grise

Il ne parle pas mais mord
Aussi fort que l’autre aboie,
Tous seuls ils sont deux.

Maître de ce qui l’entoure
Préfet de ceux qui l’entourent
Ce pion est un roi.

Voir croire les êtres maîtres,
Mirer vers ces bleus béjaunes,
Se sentir puissant.

Papier rayé

Ah ! Que ma joie demeure dans ce clavecin !
Que rugissent les orgues chantant les défunts !
Ces instruments sans âme geignent avec beauté,
Une mélodie fugue qui est si carrée !

Ah ! Cette sotte note se joue de mes doigts,
Que mon tarin la touche, que jouée elle soit.
Rien ne me résiste ! Génie ! Virtuose !
Ma musique est un cercle parfait, grandiose !

Ah ! Que l’orchestre sonne jusqu’à mes oreilles !
Je casse à coups de barre ces règles si vieilles !
“C’est du bruit !”, qu’ils me disent, je vais leur montrer
Que j’ai une fougueuse créativité !

Doux romantisme

De France en Russie,
Les esprits fiers exultent de leur pensée,
Prenant pied pour s’envoler
Sur un passé mécanique et obsolète.

Vaguelettes

Marche impériale

L’unification
Mène vers la tolérance et le progrès.
Mais trop de grand conquérants
Ont pavé de sang le chemin y menant.

Vaguelette n°3

Ni blanche ni noire,
La routine est grise et elle prend racine.
Le monde, les gens se fanent,
Je me transforme en albinos achromate.

Voie et illumination

Une feuille morte
Voyage sereinement sur l’eau paisible
Visage sans nom, sans voix
Mais qui aime l’autre plus que lui-même

Courteaudes

Art

Regard attentif
Sert à l’analyse.
La contemplation
Doit être éphémère.

Rêves et Songes

Nos rêves déments
Sont un exutoire.
Ce sont les cautères
De notre folie.

Rêves et Folies

Le fou ne sais pas
Qu’il est dérangé.
Le rêveur ignore
Ce qui est réel.

Rêves, réalité et souvenirs

Les sermons aveuglants m’emplissent de frissons,
Mais le soleil radie et réchauffe mon cœur.
Il épanche l’espoir, le rêve et la tiédeur.
Bientôt main dans la main nos désirs brûleront,

L’orage frappe l’horizon de ses éclairs,
Mais la pluie lave mon désespoir et mes craintes.
En chœur nous récitons une douce complainte
Et résonne dans les cieux nos voix de tonnerre.

Nous penchons en arrière un regard nostalgique.
Pour ces jours difficiles où nous semblions morts,
Pour ces moments où nous voulions être plus forts,
Nous arborons un sourire mélancolique.

Haïkus

Haïku n°9

Dans la solitude
Mon esprit se chauffera
Entre les deux cieux

Haïku n°10

Boisson de soleil,
Mon âme est une tableau vierge
Qu'il se faut graver

Haïku n°11

D'un jaune éclatant,
Le feu repousse le blanc
Qui cache le pourpre

Haïku n°12

Dans ta chaude étreinte
Le monde est si froid autour
Mon flocon de neige

Temps

Le soleil brûlant
Tanne ma peau blanche
Le vent si glacial
Rouille mes jointures

Mais la pluie est fraîche
Et lave mes craintes
Les flocons de neige
Réchauffent mon cœur

Fumée

Cette vapeur blanche
Empli mes poumons
Chasse l'anxiété
Et la dépression

Je

Qui suis-je ?

La même personne
Détachée d'elle-même ?

La même personne
Enfin elle-même ?

Je ne suis jamais la même personne
Ni jamais quelqu'un de différent

Je suis la même
Mais un peu plus

Un peu plus heureuse qu'hier. Un peu plus confiante, mature, engagée, belle, grande.
Et moins que demain

Ou bien l'inverse ?
Peu importe

Qui suis-je ?
Peu importe
Je suis

Mue

Avant c'était Il
Aujourd'hui c'est Elle
Pourquoi, ça t'obsède...
Mais c'est juste un mot

Phénix

Je me suis faite à cette idée
Que rien ne changera de mon vivant

Je me suis faite à cette idée
Que tout ce pourquoi je bat
Que tout ce que nous voulons changer changera
Quand je serai trop vieille pour en profiter

Je me suis faite à cette idée
Que j’œuvre et nous œuvrons pour nos enfants
Pas pour les opprimés de maintenant
Mais bien pour les enfants et ceux qui viendront après

Je me suis faite à cette idée
Que mon présent sera toujours dur
Que je ne verrai jamais le futur
Celui différent de notre passé

Je me suis faite à cette idée
Mais putain c'est chiant

Brûlons tout
Réduisons en cendre les oppresseurs
Détruisons ce système de viles valeurs
Soyons la première mort du phénix, et brûlons tout