Littérature:À Fleur de Flingues/1 - Patrouille/1

De Magnus Codex
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“Jour de pluie.“

C’est ce que Barbara répondit à son chef quand il lui demanda “Comment ça va ?“.

Jour de pluie était une expression qui était devenue populaire ces dernières années, qui n’avait pas de sens en soi mais qui reflétait l'état d’esprit dans lequel on se trouvait souvent. À l’instar la ville de Paris, sur laquelle tombait en permanence une lourde bruine, omniprésente et pénible, la vie de chacun était grise et sans joie. Mais on faisait avec, parce qu’on n’avait pas vraiment le choix et que, au fond, ça pouvait être pire.

C’est pour ça que quand on demandait “Comment ça va ?“, la plupart des gens répondait “Jour de pluie.“

“Qu’est-ce que tu m'veux, Mikaël ?”. Barbara n’aimait pas la tête que faisait son chef. Il avait une mauvaise nouvelle.

Il était à peine huit heure du matin, et peu de flics étaient en service à cette heure. Les bureaux avait encore l’odeur de sueur froide des astreintes nocturnes et ne baignaient pas encore dans le vacarme vrombissant des vieux PC.

Barbara était au milieu de sa routine matinale. Avec sa canette de café dans une main et sa clope dans l’autre, elle savait qu’elle n’avait pas beaucoup de temps avant que son corps prenne le dessus.

Mikaël connaissait le langage corporel de la détective. Il alla droit au but.

“Agent Barbara Cooper, je vous présente votre nouvel équipier, l’agent Roy Brooks.“

Un jeune homme – pas plus de trente ans – entra dans le champ de vision de Barbara.

Le sourcil qu’elle souleva était le plus haussé que Mikaël n’avait jamais vu.

“Un anglais ? Tu m’as collé un putain d’anglais ?“

Mikaël ne releva pas. “Il a été détective à la police nationale avant les évènements de 2027. Il a démissionné au moment de la réforme.“

“Un modèle de probité, quoi.“ Le sarcasme dans la voix de Barbara était palpable, comme si probité était synonyme de lèche-cul.

Roy Brooks était habillé proprement. Pantalon en velours côtelé noir, chemise de flanelle gris clair, chaussures de ville incompréhensiblement propres. Sa seule forme de pilosité était une courte tignasse blonde souligné par un regard gris acier.

Barbara pivota vers Mikaël. “Des dossiers ?“

Il secoua la tête “Pas ce matin. Vous êtes de patrouille.“

La détective termina sa cannette d’un seul trait. “C’est tipar !“.

Elle se leva et pointa avec sa cigarette. “Va t'équiper, bizut, on part pour la rive droite !“

Roy acquiesça et se dirigea en silence vers l’armurerie.

Barbara partit en direction des commodités, mais Mikaël agrippa son bras. “Barb, si je te confie ce gosse, c’est parce que t’es la seule flique dans toute cette putain d’agence à ne pas être corrompue.“ Il chuchotait les dents serrées. “C’est un bon gars, il a un bon futur s’il est mit entre de bonne mains. Qui sait ? Peut-être même qu’il deviendra aussi bon que…“

D’un coup d'épaule, Barbara se dégagea avec fureur. “Si tu prononces son nom devant moi, j’te bute.“


Barbara, emmitouflée dans son sempiternel manteau bordeaux en fausse laine, rabattit son fedora noir sur son front pour se protéger de la pluie.

Elle fut surprise de constater que Roy, sortait tête nue, uniquement protégé de l’intempérie par le col relevé de son imper beige.

“Tu sors comme ça, bizut ?“

Il haussa les épaules d’un air las. Barbara n’insista pas, elle n'était pas sa mère après tout.

“On prend ta caisse.“

C’était amusant de se dire que les termes “flic” et “détective” étaient entrés dans langage courant. Mais ce n'était pas surprenant car depuis la fondation de la PRP et la dislocation de la Police Nationale, c'était sur les agents de la DGSI qu'étaient retombés les taches d’enquête et de résolution de crimes.