« Littérature:Petit Jardin en Fleur/La cour de printemps » : différence entre les versions
mAucun résumé des modifications |
mAucun résumé des modifications |
||
Ligne 136 : | Ligne 136 : | ||
Un domestique arriva avec un plateau comportant trois flûte de vin vermillon, qui dégageait une odeur doucement âcre. | Un domestique arriva avec un plateau comportant trois flûte de vin vermillon, qui dégageait une odeur doucement âcre. | ||
Le seigneur Edson distribua les verres et commença à encenser les vignerons du pays d'à côté, qu'il avait lui-même subventionner en tant que dirigeant de la nation, parce que vous comprenez, c'est un climat unique qui règne sur ces montagnes, et ce sont les meilleurs cépage de l'Alchimie qu'on peut y trouver. | Le seigneur Edson distribua les verres et commença à encenser les vignerons du pays d'à côté, qu'il avait lui-même subventionner en tant que dirigeant de la nation, parce que vous comprenez, c'est un climat unique qui règne sur ces montagnes, et ce sont les meilleurs cépage de l'Alchimie qu'on peut y trouver et ce serait dommage de gâcher ça. | ||
Ils discoururent ainsi jusqu'à l'arrivée du soir, bercés par la douce musique de chambre qui nimbait la halle, entouré des | Ils discoururent ainsi jusqu'à l'arrivée du soir, bercés par la douce musique de chambre qui nimbait la halle, entouré des discussions qui s'amenuisaient au fil de la fatigue qui commençait à reparaître sur le visage et dans les paroles des courtisans éreinté de leurs trajets respectifs. | ||
Ils furent sauvés par le seigneur shaman qui n'avait pas encore eu l'occasion de présenter sa plus jeune fille au seigneur de Stellaroc, et Farel put enfin conclure l'échange de tantôt en signalant à Luder qu'il lui enverrait son valet au moment opportun. | Ils furent finalement sauvés par le seigneur shaman qui n'avait pas encore eu l'occasion de présenter sa plus jeune fille au seigneur de Stellaroc, et Farel put enfin conclure l'échange de tantôt en signalant à Luder qu'il lui enverrait son valet au moment opportun. | ||
Le seigneur Luder entreprit de se rejoindre sa femme pour terminer la première journée de cour en sa compagnie — lui-même sentait la fatigue poindre — mais fut interrompu dans sa course pas une autre des convives. | |||
Il s'agissait de Gardénia, qui s'était visiblement éclipsée de l'orchestre. Luder en fut surpris. Il jeta un coup d’œil au musiciens, et constata qu'un autre instrumentiste avait remplacée la bardesse. La transition avait si bien orchestré que personne n'avait l'air de s'en être rendu compte. | |||
"Vous êtes le seigneur Luder de Passy, si je ne m'abuse ?" | |||
Bien sûr qu'elle avait retenu son nom et son titre, pensa Luder. Les bardes sont des courtisans à par entière, et celle-là était particulièrement douée en tant que telle, si les rumeurs était vraie. Elle n'aurait aucun mal à retenir le patronyme d'une quarantaine de convives. | |||
Le seigneur Luder lui sourit et la félicita pour ses prestations, l'affligeant de compliments ''courtisaniers —'' une expression à lui, qui lui servait à décrire des paroles aussi insipides que détaillées — afin de se parer d'une armure d'étiquette. | |||
Mais Gardénia ne s'y heurta pas, et poursuivi la discussion avec une familiarité qu'aucun seigneur ne se serait autorisé. |
Version du 25 janvier 2024 à 17:50
Recueil | Petit Jardin en Fleur |
---|---|
Type | Nouvelle |
État | Brouillon |
La cour de printemps
Stellaroc, printemps de l'année 408 du Deuxième Âge.
Ce n'était pas la première fois que le seigneur Luder participait à la célèbre Cour de Printemps de la cité de Stellaroc. C'était même son terrain de jeu préféré.
Pendant que sa femme —la titulaire des terres de Primera et seigneure en titre de la cité de Passy— s'occupait de toute la mascarade protocolaire, lui vagabondait avec un air enjoué pour saluer tous ses homologues qui étaient présent dès le matin du premier jour de la cour.
Les halls du château de Stellaroc avait des airs de campus universitaire, et pour cause c'en était un, non sans rappeler au seigneur Luder la grande Université de Ketarop-sur-Lac au sein de laquelle il avait passé quelques années de sa vie à étudier l'économie et la logistique.
En tant que consort, l'étiquette était plus laxiste envers lui et il pouvait saluer avec amicalité les seigneures et les seigneurs qu'il appréciait le plus. Ainsi fut-il heureux de constater que son vieil ami, le seigneur Farel, était lui aussi présent pour l'ouverture de la cour.
"Wolas, mon ami !" s'exclama le seigneur Farel à la vue de son compatriote. "Comment allez-vous !"
"Ça fait du bien de voir autre chose que des courtisans de la tradition Divine, pour une fois !" répondit l'intéressé en ayant bien fait attention à ce qu'aucun des courtisans mentionnés ne fut à portée de voix.
"Je comprends ! Moi-même suis encore éreinté de la Cour Exaltée de l'Enclave, fut ce-t-elle finie depuis deux mois !"
Il échangèrent des amitiés, en commentant notamment qu'ils étaient les deux seuls courtisans arcanistes de l'assemblée, à leur grand dam, mais que les cours alchimiques étaient bien plus agréables que leurs cousines des pays voisins — les cours shamanes étaient trop rustes et les cours de la Foi protocolaires à outrance.
Ils avaient comme à leur habitude déjà dénombré tout·es les grand·es seigneur·es qui devaient y être présent. Bien entendu le seigneur Edson, leur hôte, seigneur de Stellaroc et dirigeant de la tradition Alchimique, ainsi que trois de ses cinq vassaux directs.
En terme de représentants étrangers, on pouvait voir les deux seigneurs de la Foi dont les cités étaient sur la Mer Intérieure, et qui donc entretenait des relations privilégiées avec Stellaroc et toutes les villes portuaires du Golfe Étoilé. Pour la même raison, la seigneure shamane du Cercle Akva était également parmi les convives, ainsi que le seigneur diseur de Uestea.
Mais la présence la plus surprenante de tous ces dignitaires était celle de la seigneure Am-Eldassif, dirigeant de Oasis et de tout la tradition Linguistique. Elle avait dû faire en bateau un trajet qui contournait toute la côte désertique, passait l'Isthme de l'Ombre et traversait la Mer Intérieure dans toute sa largeur, aussi c'était un grand honneur pour la cour. Sans doute avait-t-elle quelque affaire importante a discuter avec le seigneur Edson.
Aucuns des grands seigneurs de l'Expressionnisme, du Perfectionnisme ou du Druidisme n'étaient présents en personne, sans doute freinés par la distance terrestre qui séparait leur nation de celle de l'Alchimie — bien que le pays druidique soit directement relié au Golfe des Élément par un cours d'eau, mais d'aucun savait que voir un seigneur majeur du Druidisme à une cour de complaisance était chose rare.
Bien entendu, tous les grands seigneurs absents avaient envoyé une délégation les représentant, et d’innombrables seigneurs et seigneures mineures était présentes, mais ni les uns, ni les autres n'intéressaient le seigneur Luder.
Luder nota qu'il était le seul seigneur consort ayant fait le trajet avec sa femme. C'était un luxe qu'il pouvait se permettre car leur dauphine était largement en âge de gouverner, et ils aimaient la laisser aux commandes de leur fief quand ils étaient absent — la seigneure Ester Luder était vieille, et elle songeait sérieusement à abdiquer, autant commencer doucement la passation du pouvoir.
Le seigneur Edson, hôte de la cour, n'était toujours pas visible parmi les convives. L'ouverture officielle de la cour était prévue pour midi, et le protocole exigeait qu'il laisse ses invités discuter sans lui jusque là.
Peu avant midi, alors qu'on attendait l'arrivée imminente du seigneur des lieux, un invité surprise fit son entrée.
Les plus jeune courtisan ne connaissait pas son visage mais Luder le reconnu presque immédiatement : il s'agissait Tété-Hémobré, un Juge Suprême particulièrement influents dans la région du Triant.
Il portait un long tabard noir frappé du Point-Moyeux, le symbole des guides, sur une armure lourde. Sur ses spalières de cuir noir avait été cousu au fil d'argent l’Œil de Nacre, le symbole des Juge Suprêmes — qui, Luder n'arrivait pas à en démordre, ressemblait à un œil dont la pupille était représentée par le Point-Moyeux, ce qui le pertubait en terme de symbole. Il avait une hache démesurée —un kora— dans le dos, et faisait partie des rares classes sociales pouvant se permettre ce genre d'accessoire inopportun à la cour d'un seigneur majeur.
Le Juge Suprême avançait avec solennité sur le tapis pourpre qui traversait la halle dans sa longueur, tous les regards tournés vers lui. Sa brigandine qui descendait jusqu'aux mollets claquait sur ses grèves de métal à chacun de ses pas, résonant dans le silence qu'avait invoqué son arrivée inattendue.
Il avait jeté un froid.
Il s'arrêta au milieu de la salle, toisant sans mot dire l'ensemble de l'assemblée.
Il ouvrit la bouche pour parler, mais fut interrompu par la clameur d'une viole, quelques longues notes tristes, perçant le silence.
La musique provenait des tentures qui couvrait l'accès aux parties privée du château, juste derrière le trône. Tous les regards s'y tournèrent.
L'instrument se lança alors dans des envolées lyriques, trahissant une virtuosité notable.
On s'attendait à voir apparaître le seigneur Edson, mais ce fut une toute autre personne qui surgit de derrière les tentures.
La femme qui se révéla était incroyablement jeune. La trentaine, tout au plus. Sa grâce fut la première chose qui frappa l'assemblé car elle arriva en faisant une pirouette sur la pointe de son pied, avant d'enchainer quelques autres pas de dans et entrechats.
Puis, on se rendit compte que c'était elle qui jouait de la viole. Sa virtuosité s'accentua à mesure qu'elle enchaînait des notes de plus en plus rapides, sur des pas de danse de plus en plus rapides et complexes.
Puis, le reste de sa beauté se révéla à mesure qu'on détaillait son visage parfait, son teint doux souligné par un maquillage simple mais splendide, ses yeux en amande approfondis par le noir intense de ses iris, ses membre fins et agiles, ses parures faites rubans de soies teintés de blanc et de toutes les nuance de turquoise, virevoltants au fil de son ballet.
Pour couronner le tout, deux très longs rubans incarnats tournoyait autour d'elle, semblant naître au coeur de ses cheveux au niveau des tempes, qu'on identifiia rapidement comme étant son physiom.
La bourrée dura quelque minutes, au cours desquelles elle suivit un lent parcours la menant au centre de la halle. Le son de la viole enivrait tous les convives et le silence qui l'accompagna fut aussi religieux que contemplatif.
Ce fut à l'issue de quelques virvoltes autour du Juge Suprême qu'elle conclut par une longue note soutenue sur un puissant vibrato qui, Luder l'entrevit, arracha une larmichette aux plus sensibles des convives.
Elle garda la pose pendant l'instant de quiétude qui s'ensuivit, gracieuse, une jambe tendue vers l'avant, la pointe effleurant le sol, les bras en suspension dans l'air, le menton levé, les yeux humide et le visage perdu dans un état d'émoi.
Un rugissement d'applaudissement éructa de la foule quand elle se relâcha sa posture et afficha un sourire éblouissant.
Elle s'inclina une douzaine de fois pour remercier ce triomphe puis, quand le silence fut revenu, prit la parole avec une voix aussi puissante qu'elle était douce.
Elle doit aussi être une excellente chanteuse, pensa le seigneur Luder en l'entendant.
"Merci à vous pour cet accueil digne des plus plus seigneurs de ce monde ! Je n'ai nul besoin de me présenter, vous savez tous qui je suis !"
Les moins dignes des convives crièrent son nom, "Gardénia ! Gardénia !", avec un laisser-aller qui firent naître des rictus gênés sur les lèvres des plus haut seigneurs — mais pas du seigneur Luder, qui avait un flegme à toute épreuve.
Bien sûr que tout le monde l'avait reconnue, c'était la bardesse la plus convoitée du monde, ces dernières années. Elle était tout à fait identifiable par le symbole tracé à l'or sur la table d'harmonie de sa viole et qui ornait ses oreilles en des boucles d'argent : un papillon posé sur une gardénia.
Le seigneur Luder savait qu'il s'agissait d'une gardénia, car c'est de cette fleur qu'elle a pris son nom, mais elle ressemblait en réalité à une fleur assez lambda, sur son symbole. Peu de gens connaissait l'existence de cette fleur, aussi aujourd'hui le mot 'gardénia' était plus associé à la personne qu'à la plante.
Luder réfréna un sourire. C'était la première fois qu'il voyait la bardesse en personne mais il l'avait beaucoup étudiée. Il savait que son pseudonyme n'était pas choisi au hasard, ainsi avait-il entre autres découvert que la gardénia était symbole de beauté, mais aussi du secret dans certaines culture.
Il jeta un œil à son ami le seigneur Farel, mais son regard braqué sur l'artiste ne trahissait aucune émotion.
"J'ai aujourd'hui la chance, que dis-je, l'insigne honneur d'être non seulement l'invitée d'honneur de la Cour de Printemps, mais également de vous introduire votre hôte: le grand, le splendide seigneur de Stellaroc, grand dirigeant de la tradition alchimique, Aras Edson !"
Tel le souverain qu'il était, le seigneur Edson surgit de derrière les teintures avec grâce, écartant le pans des deux mains, un sourire suffisant aux lèvres. Il rejoignit son trône avec une démarche de majesté.
La théâtralité de l'annonce enjoignit les courtisan à applaudir son arrivée, mais les clappements étaient notablement plus discrets que la clameur triomphale qu'avait reçue Gardénia.
Cette dernière s'inclina bien bas devant le souverain, les bras écartés dans une révérence d'artiste. Le seigneur des lieux, avant de s'assoir sur son siège fait d'or et de bois rares, pris la parole.
"Je vous souhaite à toustes la bienvenue à Stellaroc ! J'espère que le voyage jusqu'ici à été plaisant, et remercie les plus éloignés d'entre vous d'avoir fait le trajet en personne."
Cette phrase s'accompagna d'un regard appuyé à l'attention de la seigneure d'Oasis, dame Am-Eldassif.
Il continua son discours d'accueil en présentant les différentes festivités qui étaient organisée pour les jours suivants — ce qui n'intéressait pas le moins du monde le seigneur Luder, qui était venu pour une toute autre raison — avant de remercier individuellement chaque seigneur et chaque délégation, accompagné à chaque fois d'un compliment creux.
Seigneure Luder avait rejoint son époux au début du discours, et juste après que le seigneur Edson ait présenté le couple à l'assemblée, elle lui glissa dans la main un petit papier chiffonné, que le seigneur Luder s'empressa de ranger dans la poche de sa redingote.
Quand le discours d'introduction fut terminé et que les convives recommencèrent à se disperser pour finir de saluer les uns et les autres, Luder jeta un coup d’œil rapide au petit papier.
Une simple lettre y était écrite : G.
Le soleil jetait des rayon rose à travers les hautes fenêtres de la halle quand le seigneur Luder avait finit de saluer tous les convives ait échangé quelques paroles de complaisance avec eux.
Il était fatigué de cet exercice — qu'il considérait être le devoir de sa femme uniquement — mais il ne souhaitait pas faire de vague et se comportait comme le préconisait l'étiquette.
Il jeta un coup d’œil à la seigneure Luder. Cela faisait une heure qu'elle échangeait des banalités avec le seigneur de Port-Arcane tout en forçant un sourire qui devait paraître naturel, et il eut une pointe de compassion pour elle, pour qui l'étiquette était encore plus stricte.
Mais il ne s'attarda pas et rejoignit son ami et compatriote le seigneur Farel.
Celui-ci changea son sourire de courtisan en un sourire sincère quand il le vit arriver à sa rencontre.
"Alors, Wolas, qu'avez-vous pensé de la prestation de la splendide bardesse qui nous fait l'honneur de sa présence ?"
"Mon ami, j'en suis tellement ébloui que je songe à m'intéresser un peu plus à ses prestations."
Les deux regards se tournèrent vers l'intéressée, qui encensait l'assemblé d'un concerto calme évoquant la saison naissante, accompagné de l'orchestre de chambre attitré à la cour de Stellaroc. Le seigneur Luder n'en fut pas sûr, mais il lui sembla accrocher
"Vous êtes toujours un grand amateur de musique, à ce que je vois. Je ne voudrais pas vous importuner avec ce menu sujet maintenant, mais que diriez-vous d'en discuter avant le coucher, ce soir ?" Il s'approcha de Luder avec un rictus complice, sans pour autant baisser la voix. "Mon valet a apporté une bouteille issue des meilleurs cépages de Mirid, et vous êtes la personne qui saura l'apprécier au mieux, j'en suis sûr."
Le seigneur Luder lui rendit son sourire complice en inclinant la tête.
Ayant entendu la fin de leur conversation, le seigneur Edson lui-même se joignit à eux en claquant des doigt à l'intention d'un de ses serviteurs.
"Messieurs ! Je vous entends parler de bon vin, alors permettez-moi de vous faire goûter le nectar que l'on fait pousser sur les plateau des Monts Dichos !"
Il fit un geste d'amitié, levant ses mains comme pour leur toucher le dos, sans le faire réellement bien sûr, ce serait contraire à l'usage.
Un domestique arriva avec un plateau comportant trois flûte de vin vermillon, qui dégageait une odeur doucement âcre.
Le seigneur Edson distribua les verres et commença à encenser les vignerons du pays d'à côté, qu'il avait lui-même subventionner en tant que dirigeant de la nation, parce que vous comprenez, c'est un climat unique qui règne sur ces montagnes, et ce sont les meilleurs cépage de l'Alchimie qu'on peut y trouver et ce serait dommage de gâcher ça.
Ils discoururent ainsi jusqu'à l'arrivée du soir, bercés par la douce musique de chambre qui nimbait la halle, entouré des discussions qui s'amenuisaient au fil de la fatigue qui commençait à reparaître sur le visage et dans les paroles des courtisans éreinté de leurs trajets respectifs.
Ils furent finalement sauvés par le seigneur shaman qui n'avait pas encore eu l'occasion de présenter sa plus jeune fille au seigneur de Stellaroc, et Farel put enfin conclure l'échange de tantôt en signalant à Luder qu'il lui enverrait son valet au moment opportun.
Le seigneur Luder entreprit de se rejoindre sa femme pour terminer la première journée de cour en sa compagnie — lui-même sentait la fatigue poindre — mais fut interrompu dans sa course pas une autre des convives.
Il s'agissait de Gardénia, qui s'était visiblement éclipsée de l'orchestre. Luder en fut surpris. Il jeta un coup d’œil au musiciens, et constata qu'un autre instrumentiste avait remplacée la bardesse. La transition avait si bien orchestré que personne n'avait l'air de s'en être rendu compte.
"Vous êtes le seigneur Luder de Passy, si je ne m'abuse ?"
Bien sûr qu'elle avait retenu son nom et son titre, pensa Luder. Les bardes sont des courtisans à par entière, et celle-là était particulièrement douée en tant que telle, si les rumeurs était vraie. Elle n'aurait aucun mal à retenir le patronyme d'une quarantaine de convives.
Le seigneur Luder lui sourit et la félicita pour ses prestations, l'affligeant de compliments courtisaniers — une expression à lui, qui lui servait à décrire des paroles aussi insipides que détaillées — afin de se parer d'une armure d'étiquette.
Mais Gardénia ne s'y heurta pas, et poursuivi la discussion avec une familiarité qu'aucun seigneur ne se serait autorisé.