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En sentant le sable brûlant rouler sous mes pieds endoloris, je réalise une chose : le pire ennemi des voyageurs, ce n’est pas la fatigue, le soleil, la soif ou encore l’ennui – c’est la solitude.


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Le voyage peut sembler être une période de transition – une ellipse dans le roman d’une vie – mais est en réalité au moins aussi chargé que sa destination. Et cela, pas seulement parce qu’il est factuellement long et éreintant – le soleil qui prend soin de brûler mon chèche et le sable sur lequel se posent mes pas me le rappelle bien –, mais aussi et surtout parce qu’il nous force à confronter notre propre solitude.
 
La solitude – qu’elle soit vécue seule ou noyée dans le brouhaha d’une foule – nous renvoie toujours au poids du bagage qu’on porte. Que ce bagage soit matériel, comme mon sac, ma besace, mes vêtements et mon arme, ou immatériel, comme ce qu’on laisse derrière soi quand on prend la route.
 
Pour ma part, je ne saurais dire lequel des deux est le plus lourd.
 
C’est en apercevant une masse de gens, de chameaux et de chevaux amassée au pied d’un haut mur de pierre blanche que je réalise qu’il ne s’agit pas d’un énième mirage, mais bien de la première étape de mon voyage : le Bazar.
 
Le Bazar est deuxième plus grande ville du Grand Désert. Située en son centre, à la croisée de toutes les routes, elle est le pôle commercial de toute la nation. De ce que j’en sais, elle est en majorité composé de souks, de boutiques, d’auberges et autres commodités à destination des voyageurs.
 
Mes pieds gémissent quand ils se rendent compte qu’ils vont bientôt pouvoir se reposer. “Courage,” leur dis-je, “juste une centaine de pas, et on y est !“.
 
Quand je suis suffisamment proche pour distinguer les personnes stationnées au pied des murailles, je remarque qu’il s’agit de caravanes marchandes qui sont parquées à l’ombre du mur en attendant d'être contrôlées par la garde.
 
Je regarde autour de moi pour essayer de comprendre comment entrer en ville, quand j’aperçois un homme d’arme qui me fais signe, devant d’une porte qui semble réservée aux piétons.
 
“Montrez-moi vos papiers, s’il vous plaît.“ me demande-t-il, tandis qu’une collègue à lui, assise à une petite table devant un grand registre, saisit un porte-plume.
 
Les deux gardes arborent les couleurs violet et argent de la nations. Leur armures de cuir portent le blason de la ville, et ils sont tous deux flanqués d’une longue hallebarde.
 
Je donne mes papiers d’identité et mes papiers de voyage.
 
“Je vais avoir besoin de confirmer ces informations avec vous, d’accord ?” me dit le garde. “Vous pouvez me dire votre prénom et votre nom ?“
 
Je m’exécute. J’entends la plume de métal crisser sur le papier. Aucun des deux garde ne semble y réagir. Ça me rassure un peu.
 
“Ville de naissance ?“
 
“Estmo, pays de Slevaria, tradition Linguistique.“ lui réponds-je.
 
Il acquiesce. “Physiom ?“
 
Je le regarde d’un air ahuri. Je fais un vague geste de la main pour désigner mon visage et mettre en évidence ce qu’il voit déjà.
 
En guise de réponse, il hausse les épaules et dit “c’est la procédure, il faut que ce soit vous qui le disiez pour que ça soit consigné par ma collègue.“
 
Un peu surprise – mais pas très étonnée – par la sempiternelle futilité caractéristique des formalités administratives, je réponds donc :
 
“Arabesques argentées sur la moitié gauche du visage.“
 
La greffière me gratifie d’un “Très joli, d’ailleurs“, au moment où elle le consigne, ce que je trouve franchement déplacé, mais je ne relève pas.
 
“Pour quelle raison venez-vous au Bazar ?“ enchaîne le garde.
 
“Pèlerinage“, lui réponds-je simplement, en écho à ce qui est indiqué sur mes papiers de voyage.
 
“Et combien de temps vous allez rester en ville ?“
 
“Une nuit.“, dis-je du tac-au-tac.
 
“Très bien, ce sera tout, vous pouvez entrer.“
----''Bon, il faut juste que je trouve une auberge pour dîner et passer la nuit, avant de reprendre la route à l’aube.''
 
Les rues du Bazar sont étroites et bondées. Dans toutes les allées on peut voir des marchands qui ont mis leurs étals devant leur maison.
 
La plupart des bâtiments est en pierre blanche possède au moins un étage. Comme on est le soir, les rues sont sombres.
 
La majorité des gens que je croise ont la peau et les cheveux noirs, ainsi que les yeux bleus, ce qui est le phénotype caractéristique des gens du désert. Je croise également quelques personnes au teint pâle et aux cheveux gris et aux yeux clairs, typique de Slevaria, le pays voisin.
 
Quant à moi, étant métisse, je me fond dans la masse sans soucis avec ma peau noire et mes cheveux argenté.
 
La ville est inquiétante. Il y a peu de panneaux et j’ai du mal à trouver une esplanade où je pourrais repérer une auberge. J’arrête quelques passants pour demander mon chemin, et on finit par m’en indiquer une qui rentre dans mon budget.
 
Dès que je passe le pas de la porte, je suis soufflée par une odeur de graillon. La salle à manger est bondée à cette heure, aussi je ne vois aucune table de libre pour m’y asseoir.
 
Je fais quelques pas à l’intérieur. Il y fait plus chaud encore que dehors. Les deux serveurs doivent se tortiller pour passer entre les tables, tellement la foule est compacte.
 
Il me faut moi-même me débattre pour atteindre le centre de la salle, d'où j’espère apercevoir, sinon une table vide, au moins une place libre à une table pas trop antipathique.
 
Malheureusement sans succès, car le seul tabouret qui n’est pas vissé sous un derrière se trouve à la table d’une femme patibulaire, reclue dans le coin le plus sombre de la pièce.
 
Mais mon corps hurle au repos et me supplie de m’asseoir. J’envisage un instant de sauter le repas et prendre directement une chambre, mais mon estomac se joint à la supplique.
 
Je m’approche donc de la table. La femme, qui a clairement dépassé la moitié de sa vie, a le visage baissé sur son assiette presque vide et sa choppe de corma. Elle a les épaules deux fois plus larges que les mienne et des muscles saillant sur les bras. Sa peau est rouge et ses cheveux sont blonds et bouclés – phénotype rare dans le coin –.
 
Je remarque également son physiom, qui prend la forme d’ergos pointus courbés qui parsèment ses avant-bras et le dos de ses mains.
 
Je vois que derrière elle, contre le mur, se trouvent un grand sac de voyage – du genre que je ne pourrais pas soulever moi-même – ainsi qu’un grand gardard ayant l’air d’avoir beaucoup servi.
 
Les gardards sont des armes, très lourdes, qui se présentent sous la forme d’une longue planche d’acier qu’on fixe sur son bras. La planche est prolongée par un gros épieu au bout.
 
À l’aide d’une poignée, manie l’arme à deux main, à la fois pour se protéger avec la planche, et pour attaquer avec l'épieu. Les gardards sont des armes rares, car bien que polyvalentes, elles sont lourdes et difficiles à manier.
 
Cette femme est donc une guerrière.
 
Je l’interpelle. “Excusez-moi ?“
 
Elle lève vers moi des yeux d’un noir profond.
 
“Est-ce que je peux m’asseoir ? Il n’y pas d’autre place libre.“
 
“Oui, pas de soucis“
 
Elle me répond avec un fort accent. Mes soupçons se confirment : elle vient des steppes shamanes. Autrement dit, l’autre bout du monde.
 
''“Merci”,'' lui dis-je dans sa langue.
 
Elle a l’air surpris, puis son rictus patibulaire s’efface un peu. ''“De rien.“''
 
Je me déleste de mon barda et je vois son regard s’attarder sur mon arme. Un peu gênée – car je ne suis pas une vraie guerrière – je me justifie.
 
“C’est surtout pour me protéger, comme je voyage seule…“
 
“Tu as appris à t’en servir ?“
 
On continue à s'exprimer dans la langue shamane. Cette langue ne possède pas de forme de vouvoiement, ce qui fait que les shamans ont souvent des expressions familière. Moi, je trouve que ça leur donne un air chaleureux.
 
“J’ai pris des cours auprès de mon maître d’arme mais… c’est tout.“
 
Elle me dévisage un peu plus attentivement.
 
“Tu as quel âge ?“
 
“25 ans“
 
À ce moment elle se lève et fait signe pour qu’un des serveurs vienne.
 
Je commande un bouillon de racines, qui est plat le moins cher que l’auberge propose.
 
“Moi je reprendrai la même chose,” déclare la femme, ”un ragoût de chèvre et un pichet de corma.“
 
Le serveur revient assez rapidement. Quand il pose le bol sous mon nez, j’ai la nausée. Le bouillon est âcre à l’odeur et mon ventre – pourtant vide – est déjà en train de se plaindre.
 
''La faim est la meilleure des épices'', je tente de me convaincre.
 
Au moment ou je m’apprête à plonger ma cuillère dans la mixture, l'épaisse main de la guerrière se saisit du bol et verse son contenu sur le sol.
 
Je la regarde, un peu choquée et ne sachant pas trop que faire, puis je la vois me tendre son assiette.
 
“Mange plutôt ça, c’est plus consistant. T’en a besoin.“
 
Puis sans autre forme de cérémonie, elle sert deux choppes de corma.
 
“Merci,“ dis-je timidement.
 
Elle hausse les épaules. “C’est normal.“
 
Puis elle me tend sa paluche caleuse. “Au fait, je m’appelle Sarestide.“
 
Je la lui serre. Elle a la poigne ferme, mais douce.
 
“Enchantée. Je m’appelle Lim.“{{ Modèle:Littérature:Manuscrit/Navigation }}

Version du 31 mars 2023 à 22:56

1.01
RecueilLes Ancolies sont Immortelles
LivreLivre premier - Aube Hivernale
ArcTroène
TypeChapitre
ÉtatBrouillon

1.01

En sentant le sable brûlant rouler sous mes pieds endoloris, je réalise une chose : le pire ennemi des voyageurs, ce n’est pas la fatigue, le soleil, la soif ou encore l’ennui – c’est la solitude.

Le voyage peut sembler être une période de transition – une ellipse dans le roman d’une vie – mais est en réalité au moins aussi chargé que sa destination. Et cela, pas seulement parce qu’il est factuellement long et éreintant – le soleil qui prend soin de brûler mon chèche et le sable sur lequel se posent mes pas me le rappelle bien –, mais aussi et surtout parce qu’il nous force à confronter notre propre solitude.

La solitude – qu’elle soit vécue seule ou noyée dans le brouhaha d’une foule – nous renvoie toujours au poids du bagage qu’on porte. Que ce bagage soit matériel, comme mon sac, ma besace, mes vêtements et mon arme, ou immatériel, comme ce qu’on laisse derrière soi quand on prend la route.

Pour ma part, je ne saurais dire lequel des deux est le plus lourd.

C’est en apercevant une masse de gens, de chameaux et de chevaux amassée au pied d’un haut mur de pierre blanche que je réalise qu’il ne s’agit pas d’un énième mirage, mais bien de la première étape de mon voyage : le Bazar.

Le Bazar est deuxième plus grande ville du Grand Désert. Située en son centre, à la croisée de toutes les routes, elle est le pôle commercial de toute la nation. De ce que j’en sais, elle est en majorité composé de souks, de boutiques, d’auberges et autres commodités à destination des voyageurs.

Mes pieds gémissent quand ils se rendent compte qu’ils vont bientôt pouvoir se reposer. “Courage,” leur dis-je, “juste une centaine de pas, et on y est !“.

Quand je suis suffisamment proche pour distinguer les personnes stationnées au pied des murailles, je remarque qu’il s’agit de caravanes marchandes qui sont parquées à l’ombre du mur en attendant d'être contrôlées par la garde.

Je regarde autour de moi pour essayer de comprendre comment entrer en ville, quand j’aperçois un homme d’arme qui me fais signe, devant d’une porte qui semble réservée aux piétons.

“Montrez-moi vos papiers, s’il vous plaît.“ me demande-t-il, tandis qu’une collègue à lui, assise à une petite table devant un grand registre, saisit un porte-plume.

Les deux gardes arborent les couleurs violet et argent de la nations. Leur armures de cuir portent le blason de la ville, et ils sont tous deux flanqués d’une longue hallebarde.

Je donne mes papiers d’identité et mes papiers de voyage.

“Je vais avoir besoin de confirmer ces informations avec vous, d’accord ?” me dit le garde. “Vous pouvez me dire votre prénom et votre nom ?“

Je m’exécute. J’entends la plume de métal crisser sur le papier. Aucun des deux garde ne semble y réagir. Ça me rassure un peu.

“Ville de naissance ?“

“Estmo, pays de Slevaria, tradition Linguistique.“ lui réponds-je.

Il acquiesce. “Physiom ?“

Je le regarde d’un air ahuri. Je fais un vague geste de la main pour désigner mon visage et mettre en évidence ce qu’il voit déjà.

En guise de réponse, il hausse les épaules et dit “c’est la procédure, il faut que ce soit vous qui le disiez pour que ça soit consigné par ma collègue.“

Un peu surprise – mais pas très étonnée – par la sempiternelle futilité caractéristique des formalités administratives, je réponds donc :

“Arabesques argentées sur la moitié gauche du visage.“

La greffière me gratifie d’un “Très joli, d’ailleurs“, au moment où elle le consigne, ce que je trouve franchement déplacé, mais je ne relève pas.

“Pour quelle raison venez-vous au Bazar ?“ enchaîne le garde.

“Pèlerinage“, lui réponds-je simplement, en écho à ce qui est indiqué sur mes papiers de voyage.

“Et combien de temps vous allez rester en ville ?“

“Une nuit.“, dis-je du tac-au-tac.

“Très bien, ce sera tout, vous pouvez entrer.“


Bon, il faut juste que je trouve une auberge pour dîner et passer la nuit, avant de reprendre la route à l’aube.

Les rues du Bazar sont étroites et bondées. Dans toutes les allées on peut voir des marchands qui ont mis leurs étals devant leur maison.

La plupart des bâtiments est en pierre blanche possède au moins un étage. Comme on est le soir, les rues sont sombres.

La majorité des gens que je croise ont la peau et les cheveux noirs, ainsi que les yeux bleus, ce qui est le phénotype caractéristique des gens du désert. Je croise également quelques personnes au teint pâle et aux cheveux gris et aux yeux clairs, typique de Slevaria, le pays voisin.

Quant à moi, étant métisse, je me fond dans la masse sans soucis avec ma peau noire et mes cheveux argenté.

La ville est inquiétante. Il y a peu de panneaux et j’ai du mal à trouver une esplanade où je pourrais repérer une auberge. J’arrête quelques passants pour demander mon chemin, et on finit par m’en indiquer une qui rentre dans mon budget.

Dès que je passe le pas de la porte, je suis soufflée par une odeur de graillon. La salle à manger est bondée à cette heure, aussi je ne vois aucune table de libre pour m’y asseoir.

Je fais quelques pas à l’intérieur. Il y fait plus chaud encore que dehors. Les deux serveurs doivent se tortiller pour passer entre les tables, tellement la foule est compacte.

Il me faut moi-même me débattre pour atteindre le centre de la salle, d'où j’espère apercevoir, sinon une table vide, au moins une place libre à une table pas trop antipathique.

Malheureusement sans succès, car le seul tabouret qui n’est pas vissé sous un derrière se trouve à la table d’une femme patibulaire, reclue dans le coin le plus sombre de la pièce.

Mais mon corps hurle au repos et me supplie de m’asseoir. J’envisage un instant de sauter le repas et prendre directement une chambre, mais mon estomac se joint à la supplique.

Je m’approche donc de la table. La femme, qui a clairement dépassé la moitié de sa vie, a le visage baissé sur son assiette presque vide et sa choppe de corma. Elle a les épaules deux fois plus larges que les mienne et des muscles saillant sur les bras. Sa peau est rouge et ses cheveux sont blonds et bouclés – phénotype rare dans le coin –.

Je remarque également son physiom, qui prend la forme d’ergos pointus courbés qui parsèment ses avant-bras et le dos de ses mains.

Je vois que derrière elle, contre le mur, se trouvent un grand sac de voyage – du genre que je ne pourrais pas soulever moi-même – ainsi qu’un grand gardard ayant l’air d’avoir beaucoup servi.

Les gardards sont des armes, très lourdes, qui se présentent sous la forme d’une longue planche d’acier qu’on fixe sur son bras. La planche est prolongée par un gros épieu au bout.

À l’aide d’une poignée, manie l’arme à deux main, à la fois pour se protéger avec la planche, et pour attaquer avec l'épieu. Les gardards sont des armes rares, car bien que polyvalentes, elles sont lourdes et difficiles à manier.

Cette femme est donc une guerrière.

Je l’interpelle. “Excusez-moi ?“

Elle lève vers moi des yeux d’un noir profond.

“Est-ce que je peux m’asseoir ? Il n’y pas d’autre place libre.“

“Oui, pas de soucis“

Elle me répond avec un fort accent. Mes soupçons se confirment : elle vient des steppes shamanes. Autrement dit, l’autre bout du monde.

“Merci”, lui dis-je dans sa langue.

Elle a l’air surpris, puis son rictus patibulaire s’efface un peu. “De rien.“

Je me déleste de mon barda et je vois son regard s’attarder sur mon arme. Un peu gênée – car je ne suis pas une vraie guerrière – je me justifie.

“C’est surtout pour me protéger, comme je voyage seule…“

“Tu as appris à t’en servir ?“

On continue à s'exprimer dans la langue shamane. Cette langue ne possède pas de forme de vouvoiement, ce qui fait que les shamans ont souvent des expressions familière. Moi, je trouve que ça leur donne un air chaleureux.

“J’ai pris des cours auprès de mon maître d’arme mais… c’est tout.“

Elle me dévisage un peu plus attentivement.

“Tu as quel âge ?“

“25 ans“

À ce moment elle se lève et fait signe pour qu’un des serveurs vienne.

Je commande un bouillon de racines, qui est plat le moins cher que l’auberge propose.

“Moi je reprendrai la même chose,” déclare la femme, ”un ragoût de chèvre et un pichet de corma.“

Le serveur revient assez rapidement. Quand il pose le bol sous mon nez, j’ai la nausée. Le bouillon est âcre à l’odeur et mon ventre – pourtant vide – est déjà en train de se plaindre.

La faim est la meilleure des épices, je tente de me convaincre.

Au moment ou je m’apprête à plonger ma cuillère dans la mixture, l'épaisse main de la guerrière se saisit du bol et verse son contenu sur le sol.

Je la regarde, un peu choquée et ne sachant pas trop que faire, puis je la vois me tendre son assiette.

“Mange plutôt ça, c’est plus consistant. T’en a besoin.“

Puis sans autre forme de cérémonie, elle sert deux choppes de corma.

“Merci,“ dis-je timidement.

Elle hausse les épaules. “C’est normal.“

Puis elle me tend sa paluche caleuse. “Au fait, je m’appelle Sarestide.“

Je la lui serre. Elle a la poigne ferme, mais douce.

“Enchantée. Je m’appelle Lim.“Modèle:Littérature:Manuscrit/Navigation