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“Jour de pluie.“
"Jour de pluie"


C’est ce que Barbara répondit à son chef quand il lui demanda “Comment ça va ?.
Le chef de Barbara hocha la tête une seule fois face à la réponse routinière à sa sempiternelle question "Comment ça va ?".


''Jour de pluie'' était une expression qui était devenue populaire ces dernières années, qui n’avait pas de sens en soi mais qui reflétait l'état d’esprit dans lequel on se trouvait souvent, depuis les événements de 2037. À l’instar la ville de Paris, sur laquelle tombait en permanence une lourde bruine, omniprésente et pénible, la vie de chacun était grise et sans joie. Mais on faisait avec, parce qu’on n’avait pas vraiment le choix et que, au fond, ça pouvait être pire.
Barbara n'avait même pas fait attention à lui. Il était à peine sept heure du matin, et comme d'habitude, seuls le chef Brunet et elle était présents.  


C’est pour ça que quand on demandait “Comment ça va ?“, la plupart des gens répondait “Jour de pluie.“
C'est quand elle remarqua qu'il s'attardait qu'elle se tourna vers lui. "Qu'est-ce que tu m'veut, Michaël ?"


"Qu'est-ce que tu m'veux, Mikaël ?". Barbara était bougonne. Il était sept heure trente, et peu d'agents avait déjà pris leur service. Mikaël l'avait interrompue en plein milieu de sa routine matinale, elle avait encore sa canette de café dans une main, et sa clope dans l'autre.
Le chef Brunet contempla un instant Barbara. Elle était profondément assise dans son siège de bureau, jambes croisée, avec une canette de café dans une main et un cigarillo dans l'autre. Ses sourcils épais était aussi froncés que ses cernes étaient prononcés. Le chef Brunet savait qu'il faisait partie des rare personnes à pouvoir déranger Barbara Coupeur avant qu'elle ait fini son café et y survivre.


Mikaël connaissait bien Barbara, et son langage corporel lui signalait d'aller droit au but s'il ne voulait pas subir ses humeur.
Ce privilège était mérité, car Barbara était la seule personne du bâtiment pouvant se permettre d'être aussi familière avec le chef Brunet.


"Agent Barbara Cooper, voici votre nouveau partenaire, l'agent Roy Brooks."
J'ai une nouvelle à t'annoncer, et je voudrais le faire avant que tes collègues n'arrivent.  


Un jeune homme apparu dans le champs de vision de Barbara. Il était petit --environ dix centimètre de moins qu'elle--, des cheveux court et blond rabattus en arrière par une quantité indécente de gel, et deux grands yeux gris acier. Il était vêtu d'un pantalon en velours côtelé noir, d'une chemise de flanelle gris clair et d'une paire de chaussures de ville incompréhensiblement propres.
Barbara eut un rictus. Le chef Brunet ne savait pas si c'était parce qu'il avait utilisé le mot "collègue" —qui, selon Barbara, est très discutable— ou si parce qu'elle anticipait déjà que c'est le genre de nouvelle qui allait gâcher sa journée.
 
----"Okay."
 
Michaël resta coi devant cette réponse si brève et cette intonation du ''<nowiki/>'Okay''' si caractéristique de Barbara, en rendant gutturale la dernière syllabe.
 
"Quoi ? Tu t'attendais à ce que je te joue le trope de l'agent qui ''<nowiki/>'préfère travailler en solo''' ? C'est mal me connaître."
 
Barbara se tourna vers la bleusaille. "Par contre, mettons-nous d'accord tout de suite, mais tu vas faire tout ce que je te dis, okay ?"
 
Le ton était sans équivoque : ce n'était pas un choix qu'elle lui laissait.
 
 
 
 
C'était marrant, parce que quand elle parlait de Michaël, chef de section à la DGSI, à des gens qui ne le connaissait pas, ils s'imaginaient toujours un blanc. Un des plaisir secret —mais certainement pas coupable— de Barbara était d'observer les congestions de leurs visages quand ils se rendaient compte que c'était un noir, comme si "Brunet" ne pouvait pas être le nom d'une personne dont la famille est française depuis plus de cinq générations.

Version du 22 juillet 2023 à 10:42

1.01
RecueilÀ Fleur de Flingues
Arc1 - Patrouille
TypeChapitre
ÉtatBrouillon
Sous-pages

1.01

"Jour de pluie"

Le chef de Barbara hocha la tête une seule fois face à la réponse routinière à sa sempiternelle question "Comment ça va ?".

Barbara n'avait même pas fait attention à lui. Il était à peine sept heure du matin, et comme d'habitude, seuls le chef Brunet et elle était présents.

C'est quand elle remarqua qu'il s'attardait qu'elle se tourna vers lui. "Qu'est-ce que tu m'veut, Michaël ?"

Le chef Brunet contempla un instant Barbara. Elle était profondément assise dans son siège de bureau, jambes croisée, avec une canette de café dans une main et un cigarillo dans l'autre. Ses sourcils épais était aussi froncés que ses cernes étaient prononcés. Le chef Brunet savait qu'il faisait partie des rare personnes à pouvoir déranger Barbara Coupeur avant qu'elle ait fini son café et y survivre.

Ce privilège était mérité, car Barbara était la seule personne du bâtiment pouvant se permettre d'être aussi familière avec le chef Brunet.

J'ai une nouvelle à t'annoncer, et je voudrais le faire avant que tes collègues n'arrivent.

Barbara eut un rictus. Le chef Brunet ne savait pas si c'était parce qu'il avait utilisé le mot "collègue" —qui, selon Barbara, est très discutable— ou si parce qu'elle anticipait déjà que c'est le genre de nouvelle qui allait gâcher sa journée.


"Okay."

Michaël resta coi devant cette réponse si brève et cette intonation du 'Okay' si caractéristique de Barbara, en rendant gutturale la dernière syllabe.

"Quoi ? Tu t'attendais à ce que je te joue le trope de l'agent qui 'préfère travailler en solo' ? C'est mal me connaître."

Barbara se tourna vers la bleusaille. "Par contre, mettons-nous d'accord tout de suite, mais tu vas faire tout ce que je te dis, okay ?"

Le ton était sans équivoque : ce n'était pas un choix qu'elle lui laissait.



C'était marrant, parce que quand elle parlait de Michaël, chef de section à la DGSI, à des gens qui ne le connaissait pas, ils s'imaginaient toujours un blanc. Un des plaisir secret —mais certainement pas coupable— de Barbara était d'observer les congestions de leurs visages quand ils se rendaient compte que c'était un noir, comme si "Brunet" ne pouvait pas être le nom d'une personne dont la famille est française depuis plus de cinq générations.